Impossible de passer à côté de La
vie d'Adèle, et pour cause, le film a remporté la Palme d'or au
festival de Cannes 2013. Les commentaires de ceux qui avaient eu
l'occasion de le voir en avant-première mettaient en exergue les
scènes de sexe dont ils avançaient l'omniprésence dans le
long-métrage de trois heures. Interdit au moins de dix-huit ans chez
les prudes américains, le seuil a été fixé à douze ans dans
l'Hexagone. Pour une raison que j'ignore, le côté cru du film m'a
attiré et aussi... on m'a forcé à le voir. C'est donc avec une
certaine appréhension par rapport à la durée du film mais surtout
pas mal d'entrain que j'ai déboursé 11,40 € pour découvrir
l'oeuvre d'Abdellatif Kechiche.
Jean-Paul Sartre mon amour
Dès les premières minutes j'ai
compris que le rythme du film serait lent. Mais j'ai à peu près
compris aussi rapidement que j'allais beaucoup apprécier la
pellicule. Et pour cause, c'est une histoire d'amour et je suis
plutôt friand de ce genre de scénario. La scène qui m'a le plus
marqué est celle où Emma – Léa Seydoux – parle de la façon
dont l'existentialisme, la philosophie propagée par Jean-Paul Sartre
à travers ses différents livres, a changé sa vie et sa façon de
mener sa vie. En deuxième position, je retiens les scènes de flirt
magnifiques entre les deux protagonistes : Adèle et Emma. La
tension amoureuse entre les deux est si forte que l'on a qu'une
envie, traverser l'écran et leur dire de s'embrasser. Mais nul
besoin de tenter un The Ring inversé car rapidement, les deux femmes
ne vont pouvoir résister à la tentation et vont suivre le conseil
d'Oscar Wilde qui disait que le meilleur moyen de résister à la
tentation est d'y céder.
Sexe, sexe, sexe
Pour incarner la passion entre les deux
femmes, le réalisateur a jugé bon de dépeindre une fusion entre
les corps des deux femmes. Retour trois semaines en arrière. Il est
17h, je suis devant la sortie du Gaumont Pathé Wepler, situé place
de Clichy, à Paris, pour réaliser un micro-trottoir sur ce film, le
premier jour de sa sortie. Tout ce que les spectateurs ont retenu de
ce film qui dure le temps de deux matchs de football, ce sont les
scènes de sexe qu'ils ont jugé omniprésentes.
Retour au présent qui, en fait, se
situe, le jeudi 24 octobre aux alentours de 20h10, mais toujours dans
le même cinéma, hasard du choix des personnes qui m'accompagnaient.
Le film est terminé et nous cédons au traditionnel débriefing
inhérent à la sortie de chaque film, vu au cinéma. Unanimement,
nous nous entendons pour reconnaître que les scènes où les deux
femmes font l'amour ne sont pas plus choquantes que la femme araignée
qui fait la manche dans le métro parisien.
''Tu l'as vu mon doigt ?''
Quand je vois l'engouement suscité par
ces quatre ou cinq scènes de nu, je me dis que c'est à l'image de
l'année 2013 où le ramdam prime sur tout. La vérité c'est que ces
scènes de sexe représentent seulement la passion ardente
qu'il y a entre les deux protagonistes, ni plus, ni moins. Mais comme
le dit si bien le dicton populaire : quand le sage montre la
Lune, l'imbécile regarde le doigt. Et c'est exactement ce qui s'est
passé dans le cas présent. Une majorité n'a retenu que la forme
alors que ce qui était intéressant c'était le fond. Ces vagins qui
se frottent et ces doigts enduits de cyprine n'ont pas été balancés
comme ça gratuitement par le réalisateur mais faisaient sens.
En fait, derrière la hype et la
polémique qui collent à ce film, il reste une très belle comédie
dramatico-romantique où Adèle Exarchopoulos crève l'écran dans le
rôle de la jeune fille qui se cherche sexuellement parlant mais
parvient tout de même, en parallèle, à se construire en tant que
femme, contre vents et marées. En bref, j'étais choqué de payer
11,40 € pour un film, mais il les valait bien. Vraiment.
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