RETROUVER UNE PROF

J'ai voulu retrouver une professeure d'anglais qui a marqué ma scolarité.

Et si tu devenais végétarien ?

Découvrez l'infographie sur le vegétarisme en France et une vidéo sur le végétarisme à Paris

Avis - d'âne à zèbre de François Bégaudeau

Pourquoi Vincent Delerm ne chante pas plus fort ? Pourquoi la jalousie c'est du vol ?

jeudi 17 mai 2018

Je suis parti à la recherche de ma prof d'anglais de sixième

Le système scolaire est une sorte de machine à laver. Ou alors c’est l’enfance et l’adolescence. Les trois vont ensemble. On entre en primaire et là ça va vite. On apprend des tonnes de choses. L’histoire de France, les maths, l’éducation physique ou encore les SVT. Mais c’est aussi pendant ces années qu’on appréhende la vie en société. À mon avis, ce sont les années les plus importantes. Ensuite, une fois le baccalauréat en poche, certains partent directement sur le marché de l’emploi. D’autres font des études supérieures. Si en entrant en première année on est plus vieux, on reste dans le giron du système scolaire et donc de la machine à laver. Rapidement les premières expériences professionnelles arrivent. Les stages s’enchainent puis le premier CDD et enfin le premier CDI. Une paire d’années passent et ça y est, la vie d’adulte est là. Des trucs chiants sur lesquels je ne vais pas m’attarder.



Pour moi, ce moment est arrivé vers l’âge de 28 ans. Je me suis posé et j’ai réfléchi à ce que j’étais devenu ou ce que j’avais fait. C’est notamment à ce moment-là que j’ai repensé à mes années à l’école. Je l’avais déjà ressenti pendant tout ce temps mais ma conclusion est sans appel. Ce qui m’a toujours le plus importé ce ne sont pas les cours mais les gens. Car pour moi, c’est ce qui est primordial.

Une fois les bons souvenirs avec les camarades de classe remémorés, j’ai pensé aux profs. Les profs n’étaient pas mes amis et c’était réciproque. J’étais chiant à gérer. Extrêmement insolent. Mais pas vraiment méchant. Cela dit, ça m’a tout de même valu des tas d’heures de colle et des avertissements. 



En 2018, à l’occasion du retour en France d’un ami, je me suis retrouvé dans une soirée où il y avait ma professeure principale de seconde. L’année où j’ai été le plus turbulent. On a parlé de cette période et elle m’a dit la façon dont elle me voyait. À ce moment-là, j’ai compris que les profs n’étaient pas que des machines à noter mais aussi des humains dont le travail est, en partie, d’analyser les gamins qu’ils ont en face d’eux. Son analyse de moi était horriblement vraie.



À un autre moment en 2018, je me suis retrouvé à prendre un verre avec une ancienne camarade de fac d’anglais. Aujourd’hui, elle est en train de faire des études pour devenir elle-même prof. On parle, on parle et on en vient à évoquer une prof qui a retenu notre attention pendant nos années en commun. Une prof sympa et passionnée, difficile à oublier. Même si c’est avec elle que j’ai eu les pires notes de toute ma carrière scolaire. À ce moment, je dis à ma pote que j’aimerais la retrouver pour lui dire que même si j’étais infâme pendant ses cours, je m’en suis bien sorti. Elle me dit que c’est une bonne idée car ce genre d’initiative est trop rare.

L’idée est plantée. Je fais quelques recherches mais c’est compliqué. Ou alors peut-être que je n’ai pas trop envie de retrouver cette prof en particulier. Du coup, je laisse tomber. Mais je n’ai pas besoin de réfléchir longtemps pour qu’une autre prof me vienne en tête.

Je l’ai eu en 6e et en 5e au collège David d’Angers. Elle enseignait l’anglais. Je ne l’ai jamais oubliée pour deux raisons. La première c’est qu’elle était vraiment super sympa. La seconde, c’est la seule à m’avoir donné un 20 /20 de tout mon parcours scolaire. Mais ce qui m’a marqué c’est qu’elle était profondément sympa. À l’époque, je n’y avais pas trop fait gaffe. Mais l’âge faisant, j’ai compris qu’il n’y a rien de mieux que des gens passionnés par leur métier, encore plus quand ce sont des profs et qu’ils façonnent les adultes de demain.



Profitant d’un séjour dans la ville où j’ai grandi, je me suis donc mis en tête de la trouver pour lui dire merci d’avoir été la meilleure prof que je n’ai jamais eu. Bon, vous vous doutez que ce n’a pas été si simple.

Je commence par faire des recherches en ligne. Problème, j’ai beaucoup de mal à la trouver. Elle a un nom qui semble répandu dans la région. Par ailleurs, elle ne semble pas avoir une présence en ligne très importante. Tout ce que je vais trouver c’est un document qui dit qu’elle a bien enseigné à David d’Angers lors de l’année 2016/2017. C’est encourageant. Je ne vais pas tarder à avoir la confirmation de sa présence dans l’établissement.

Mardi, je dois retrouver un pote en ville. Je suis en voiture. Je tourne autour de la rue Bressigny pour trouver une place. À un moment donné, je passe dans la rue du collège. Et là, qui je reconnais tout de suite ? Cette prof d’anglais. Elle a un peu changé mais pas de doute, c’est elle. Elle est en train de blaguer avec un assistant d’éducation, un grand sourire sur le visage. C’est fou, c’est exactement le souvenir d’elle que j’avais gardé. Quel hasard ! J’aurais pu passer là n’importe quand et je tombe sur elle, c’est un signe.



J’ai envie de lui faire un signe ou d’essayer de lui parler mais je suis dans ma voiture sur une voie unique sans endroit pour se garer, même 30 secondes. Je dois repartir. Motivé comme jamais, je décide d’y retourner le lendemain.



Mercredi. Je me gare près du collège. Mon plan initial était de m’introduire dans le collège mais après je ne saurais pas où aller donc j’abandonne vite cette idée. Ensuite, je me dis que je vais attendre devant le collège. C’est un plan qui tient la route car tous les profs du collège traversent la rue pour aller en salle des profs qui se trouve au lycée qui est juste en face. Rapidement, je me rends compte qu’il s’agit d’un plan pourri car si elle n’est pas là je vais attendre pour rien. J’identifie des assistants d’éducation qui sont là pour aider les élèves à traverser. Je vais en voir une et je lui explique ma démarche. Là, son visage s’illumine et elle me dit qu’elle a aussi eu cette prof dans le même collège. C’est un détail mais sa réaction me confirme ce que je pensais. C’est vraiment une personne qui marque ses élèves. Ensuite, elle m’invite à aller à la vie scolaire pour voir avec son collègue si elle a cours aujourd’hui. Malheureusement, le gars me dit qu’elle avait cours que le matin. Il me dit à partir de quelle heure elle sera là le lendemain.

J’ai été particulièrement surpris par l’accueil chaleureux de ma démarche. Je ne vais pas vous mentir, je ne savais pas comment j’allais être accueilli. Mais les personnes que j’ai croisées sur mon chemin ont été géniales. C’était presque trop facile mais c’était sans compter sur le lendemain.

Jeudi. Cette fois, c’est la bonne. Je sais qu’elle a cours à 13h. Le gars d’hier m’a dit que ça servait à rien de venir avant 12h45 car elle serait en salle des profs. Je repars donc sur mon plan initial qui est d’attendre dans la rue pour l’attraper avant qu’elle aille en classe. Mais en y réfléchissant bien je me dis que c’est trop passif et risqué.

Je prends donc l’initiative d’aller la chercher directement en salles des profs. Mais alors que j’adorais m’introduire dans les lycées qui n’étaient pas les miens, plus jeune, et que je m’apprêtais à faire de même, je vois un panneau où il est écrit en gros qu’il faut s’adresser à l’accueil si on est un visiteur. J’hésite mais je me dis que ça ira plus vite si je demande. Je m’adresse donc à un type qui est bien plus hostile que les assistants d’éducation de la veille. Il faut dire qu’il est plus âgé. Du coup, je lui demande où se trouve la salle des profs mais il me dit de me rendre à la vie scolaire. J’y vais, j'explique mon projet et une meuf assez jeune m’indique comment me rendre en salle des profs. 



Ça y est, je touche à mon objectif. L’entrée dans la zone des profs est indiquée. Je m’avance d’un pas décidé et à un moment donné je tombe sur une salle où sont assis une quinzaine de profs. J’avais prévu de faire un appel à la cantonade mais au dernier moment j’ai renoncé à le faire, par peur. Stupide. Du coup, j’ai rebroussé chemin et je me suis placé à l’endroit où elle était obligée de passer pour se rendre en cours, au bout du couloir. J’attends la 5 minutes. Je vais et je viens, je regarde l’art accroché au mur. J’observe les élèves qui sont en pause. Et là, je tombe sur un plan du bâtiment. Je découvre une donnée que j’ignorais. De l’autre côté du couloir, il y a une autre sortie. Putain de merde. Ça serait stupide qu’elle sorte par là-bas et que j’échoue. Je réfléchis vite, il est 12h52 et son cours commence à 13h. Par sécurité, je décide de sortir du bâtiment et de me mettre dans l’entrée du lycée, un endroit par où elle est obligée de passer pour se rendre au collège. Ce repli stratégique me semble être le bon. Enfin, à condition qu’elle ne soit pas déjà passée de l’autre côté. 



J’attends. Je tourne en rond. Je vois des élèves se hâter de rejoindre le collège. Des profs passent aussi. Mais pas ma prof d’anglais. Je regarde mon portable, 13h approche. Je suis attentif à chaque personne qui ouvre la porte. Mais rien. Je me rends bien compte que je suis chelou. Dans un établissement scolaire, les seules personnes qui ont, au moins, mon âge, sont soit prof soit pion. Moi, je suis là à attendre et à regarder partout. Bien louche comme il faut.

Mais alors que je perds espoir je la vois sortir par l’autre porte qui donne sur l’entrée du lycée. J’ai bien fait d’opérer mon repli stratégique. Elle me voit tout de suite (cf : le paragraphe précédent) et je lui fais signe. En un clin d’œil elle me reconnaît, même si j’ai pas mal changé. Ouais, c’est ça les bons profs, ils se souviennent de leurs élèves. Là, sans tarder, car je sais qu’elle a un cours à donner, je lui dis ce que je voulais lui dire : « Vous avez été la meilleure prof que j’ai jamais eu, merci ». Bon, je vous relate ici une version courte. Mais j’ai dû le répéter plusieurs fois, l’émotion. Content d’avoir réussi ma mission, le cœur léger, je suis prêt à partir. Mais c’était sans compter sur sa gentillesse totale.

Du coup, elle me dit de l’accompagner jusqu'au collège et elle me demande ce que je deviens. C’est marrant car jamais je ne lui avais parlé comme ça à l’époque. Pourtant, je m’attendais exactement à ce qu’elle soit aussi sympa et avenante. Elle me dit aussi qu’elle est très touchée par ma démarche. Je la sens super sincère. Une fois dans le collège, elle se fait alpaguer par une élève. Maintenant que je suis adulte et que j’ai tâté les comportements des gens, je vois que ce n’est pas une élève « normale ». Elle parle très bas, elle s’excuse d’être là. Une fois leur échange terminé, la prof d’anglais m’explique (sans que je lui demande) que c’est une enfant déscolarisée à cause d’un contexte familial compliqué et que c’est seulement la troisième fois de l’année qu’elle vient en cours. Et elle dit ça avec une empathie totale. D’ailleurs, pendant qu’elle lui parlait, elle lui a dit qu’elle serait toujours là pour l’aider à passer son brevet et qu’elle pouvait compter sur elle.

Bref, vous l’avez compris, le temps passe et sa classe est la seule qui encore dans la cour à l’attendre. Elle me demande si elle peut me faire la bise, me redit à quel point elle est touchée par ma démarche et alors que je m’apprête à repasser ces grilles que j’ai connues pendant 4 ans, elle me lance un : « À dans 20 ans ! » avec un grand sourire. Ouais, car ça faisait 20 ans qu’on ne s’était pas vus. 

Je suis ému. Je m’en vais le cœur léger et content que le destin ait mis quelqu’un comme ça sur ma route.

Merci Madame.

mercredi 16 mai 2018

J'ai fait 100 km à vélo et j'ai eu mal aux jambes

Un an après avoir fait 90 km et en avoir chié, j'ai retenté une sortie longue distance. Mais cette fois-ci, je voulais absolument passer la barre symbolique des 100 km.

Des semaines avant, j'ai donc regardé par où je pouvais partir pour faire un aller-retour de 100 km en partant d'Angers. Au final, mon dévolu s'est porté sur Saumur qui est à 50 km d'Angers. Mais ce n'est pas si simple. J'ai passé de longues heures a essayé de définir l'itinéraire.

Le plus évident ? La levée de la Loire. Problème, en regardant la route avec Google Maps, je découvre que la chaussée est super étroite et je vois mal comment des voitures peuvent me dépasser.

Ce genre de route ? Non merci !

Le but du jeu n'est pas de se tuer donc autant limiter les risques. Donc, je regarde s'il n'y a pas une route parallèle. Une petite route qui longerait la grande, les routes préférées des cyclotouristes. Et en cherchant le trajet sur Google je découvre qu'elle existe.

Voyez plutôt, la ligne bleu est parallèle à la levée de la Loire.


Mais je ne peux pas faire une confiance aveugle à Google. Donc, encore une fois, j'utilise la fonctionnalité Google Streets et je déchante rapidement. Si la plupart des routes sont goudronnées et sont a priori peu fréquentées il y a un problème. Il y a des putains de chemins. Sauf que je roule avec des pneus de course de 23 mm. En un mot : ils sont faits pour rouler sur du bon goudron. Je laisse donc tomber cette option. 

Il m'en reste une autre, passer de l'autre côté de la Loire. C'est ce que je vais faire. Là, je vais découvrir la D132 et la D751. Et en fait, ces départementales sont assez calmes et peu empruntées. Elles concernent surtout les habitants du coin, donc pas grand monde, surtout un mardi matin. Un coup d'oeil à Google Streets finira de me convaincre que c'est le bon itinéraire pour moi. 

Exactement le genre de route que je cherche

Ma principale erreur commise lors de ma première tentative était l'hydratation et la nutrition. J'avais seulement pris 75 cl d'eau et deux bananes. Avec le recul, je me demande comment j'ai pu être aussi stupide. Cette fois-ci, je me suis bien mieux préparé. J'ai fait en sorte de faire une pause toutes les heures ( ~ 25 km) pour boire 60 cl et manger. J'avais pris avec moi une Cliff Bar et 2 mélanges vegan. 

8h, c'est parti, je lance le parcours que j'ai préalablement entré dans mon Garmin. Dès le départ ça merde et je ne sais pas pourquoi. Je laisse tomber. Heureusement, j'avais bien étudié le parcours et je connais très bien la ville donc j'arrive à rejoindre la D132 facilement. À partir de là, je vais seulement rouler sur des routes très tranquilles comme la photo ci-dessus. Je croise très très peu de voitures, pas plus de 10. Je suis tout seul au milieu de la nature, les champs à ma droite, la Loire à ma gauche et les oiseaux qui chantent pour compléter le tableau. J'avoue avoir imaginé cette sortie comme ça donc je suis ravi. 

Sur le chemin, j'ai le plaisir de tomber sur le village de Thoureil, une petite cité de caractère comme c'est indiqué sur le panneau d'entrée. C'est vrai que ça a du charme. Je fais ma pause là avec une belle vue sur la Loire. 

La Loire

Bon, autant vous dire que c'est la seule étape de charme du parcours entre Angers et Saumur. Donc après, je repars sans m'arrêter jusqu'à mi-chemin. J'arrive à Saumur en bon état de forme. Je décide de me poser en face du château pour faire une belle photo. Je m'hydrate, je mange et c'est reparti !


A post shared by posieric (@posieric) on

À ce moment-là, je suis rendu à 56 km pour 2h de sortie. Je ne suis pas plus fatigué que ça. Il faut dire que c'est une distance que je maîtrise. Lors des trois dernières semaines précédant cette sortie, j'ai fait deux sorties de cette distance. Je vais rapidement déchanter. À peine sorti de Saumur, je me retrouve avec du vent de face.



Concrètement, rouler avec du vent de face sur une sortie comme ça, c'est relou. Ça fait dépenser beaucoup plus d'énergie. Mais je continue bah parce qu'il faut rentrer. Mais je vais vite ressentir un problème vers 70 km. J'ai du mal à avancer. Mes jambes ne veulent plus trop appuyer. C'est intéressant car j'ai vite compris que ça n'avait rien à voir avec le reste du corps. Vu que je me suis parfaitement hydraté et nourri, ça ne venait pas de là. C'était seulement que mes jambes ne connaissent pas cette distance et qu'elles ont simplement lâché. À partir de là c'est devenu super difficile. J'ai commencé à me demander pourquoi j'ai voulu faire une sortie comme ça.

J'ai eu plusieurs moments où je n'arrivais plus à avancer du tout, donc je me suis arrêté pour laisser mes jambes se reposer pendant 5 minutes. La fin m'a semblé très très longue. C'était bizarre d'ailleurs car des fois, pendant 30 secondes, elles avaient un peu d'énergie et puis paf, plus rien.

Une fois de retour dans la civilisation, aux Ponts-de-Cé, je galère vraiment. Je tourne la tête, je vois une terrasse. Je m'y arrête car même s'il ne me reste que 10 km à faire, je n'y arrive plus. Je prends un coca pour me donner un dernier coup de pouce. C'était une plutôt bonne idée. Une fois arrivé dans le centre-ville d'Angers je retrouve du poil de la bête.

Mais il me reste encore une difficulté. La montée du Doyenné à 4 %. Deux jours plus tôt, j'y ai d'ailleurs battu mon record personnel. Mais là, je me demande comment je vais faire pour la monter. Finalement, je l'ai faite au ralenti. Dans l'image ci-dessous, vous pouvez voir la différence avec les autres fois où je l'ai montée.


C'était une sensation bizarre et désagréable. Ce que j'aime quand je fais du vélo c'est de savoir que je peux relancer à peu près n'importe quand. Là, à partir du kilomètre 80, je ne pouvais plus. C'était terrible.

Avec le recul et en voyant les statistiques, je me dis que je suis allé trop vite à l'aller. J'ai laissé trop de forces. Au retour, mes jambes ont donc logiquement lâché. Regardez sur ce graphique la différence de vitesse entre l'aller et le retour.



Bon et puis c'est vrai qu'il y a une grosse différence entre une sortie de 50 km et une sortie de 100 km. J'ai peut-être loupé des étapes. J'aurais dû essayé de faire 70, 80 et 90 km avant de me lancer ce défi. Mais bon, ça correspondait à mon calendrier de vacances.

Bon, en tout cas, si je m'étais promis de ne jamais recommencer, à la fin de cette sortie, je vais peut-être renter le coup mais en me préparant mieux physiquement cette fois-ci !

Ah d'ailleurs, fait étrange, je n'ai PAS DU TOUT de courbatures. Comme je vous l'ai dit, j'ai bien bu et j'ai bien mangé. Ce sont seulement mes jambes qui ont lâché en fait.

Retrouvez ma sortie sur Strava !

dimanche 6 mai 2018

Avis lecture - Je suis l'arbitre masqué

Pour vendre, la communication c'est le nerf de la guerre. C'est valable dans tous les domaines. L'édition n'y échappe pas. Le livre Je suis l'arbitre masqué n'échappe pas à la règle.



Pour faire parler de ce livre, des extraits très précis sont sortis dans la presse. Des noms qui font cliquer et attirent les curieux. Ça n'a pas loupé, les sites s'en sont donnés à coeur joie à commencer par Le Figaro qui a été le premier à dégainer.


Ensuite, beaucoup de sites s'en sont donnés à coeur joie, même Public, bien connu pour parler de foot (non). 



Clairement, si tout ce qui vous intéresse ce sont les anecdotes sur les gens connus, contentez-vous de lire ces articles. D'ailleurs c'est ce que semble avoir fait la majorité des gens qui ont commenté la sortie de ce livre sur Twitter. Ils ont donné leur avis et émis des hypothèses sans même avoir ouvert l'ouvrage.

C'est un procédé qui me gêne. Donner son avis, oui. Peu importe qu'il soit positif ou négatif. Mais donner son avis dans le vent seulement sur un a priori ou des rumeurs, bof.

J'ai acheté le livre. Je l'ai lu du début à la fin. Je peux donc vous affirmer ceci :

LES EXTRAITS QUI PARLENT DE GENS CONNUS DU FOOTBALL NE CONCERNENT QUE 5 % DU LIVRE.


L'objectif de ce livre n'est pas du tout de taper sur Fékir, Aulas, Walderma Kita, Ben Arfa ou d'autres. Les gens qui suivent le football français n'ont pas attendu l'arbitre masqué pour apprendre que Hatem Ben Arfa n'est pas un bon gars, que le président du FC Nantes est une pourriture ou que Aulas est relou avec les arbitres. C'est d'ailleurs peut-être pour ça que le livre n'a pas tant de réseaunance que ça. Sur Twitter, il n'y a eu que 2 000 tweets. Autrement dit : rien du tout. Les seules personnes qui sont remontées sont liées à l'Olympique Lyonnais.

Donc, au-delà des 5 % mis en avant pour faire parler du livre, je vais vous parler du reste. C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus intéressé et donné envie de dévorer le bouquin.



Dans Je suis l'arbitre masqué, l'auteur raconte son parcours d'arbitre de ses débuts à la fin de sa carrière.

Mon principal obstacle à la lecture c'est la personnalité du monsieur. Je n'aime pas le terme de beauf donc je ne l'utiliserai pas. Mais, les passages où ils racontent ses sorties d'après-match en ville où ils cherchent à coucher avec des meufs en profitant de son argent et son statut m'ont pas vraiment intéressé. Il évoque même des histoires de prostitution ou sa frustration quand à la fin d'un effeuillage, la danseuse refuse de coucher avec lui.

Par ailleurs, c'est un compétiteur avec tout ce que ça comporte. Il semble peu sûr de lui. À travers les pages on ressent son besoin constant de prouver qu'il ne vaut pas rien. Il a besoin de reconnaissance. Mais encore une fois, ce n'est pas non plus le sujet principal du livre.

Je vous propose de découvrir des extraits qui m'ont marqué.

À propos de l'arbitrage des vedettes.

Page 93 : « Je dois m'habituer à cette approche particulière qu'exigent les joueurs de premier plan maintenant que j'ai fait mes preuves et que le haut du tableau va devenir ma résidence principale. Penser que l'on puisse les arbitrer comme n'importe quel footeux lambda est évidemment un leurre. Ce sont eux qui amènent les droits télé et le public dans les stades. On est bien obligé de prendre cette dimension en compte. Indirectement, ils paient aussi nos salaires. La Ligue 1 ne regorgeant pas de stars internationales, il faut en prendre d'autant plus soin. »

En clair, un arbitre aura moins tendance à te protéger si t'es un attaquant d'une équipe du ventre mou que si t'es un attaquant d'une équipe qui joue l'Europe. C'est aussi simple et révoltant que ça. Tout ça pour des questions d'argent. Et oui, c'est indépendant de sa volonté. Si tu tentes de faire le fou, tu seras ensuite affecté à des rencontres de bas de tableau qui sont moins intéressantes à arbitrer.

Sur le mépris des arbitres.

Page 232 : « Ce n'est pas être paranoïaque que de constater qu'on est globalement assez mal vus... La nullité indépassable de l'arbitre français est devenue une donnée communément admise. Et ça, c'est bel et bien le fruit du matraquage à longueur d'antenne. Même les gosses ont parfaitement intégré cette notion et contestent les décisions avec véhémence du haut de leurs trois pommes. Comme des grands. »

Ce que je retiens de ce livre :

• arbitre c'est une fonction super ingrate. Sachant que ce n'est pas un travail à plein temps et que certains ont un travail à côté. Avant la lecture de ce livre, je n'avais jamais pris le temps de penser à la condition de ces gens.

• Noël le Graët est une merde. C'est pas une surprise mais après avoir fini ce livre c'est encore plus clair. En gros si t'es arbitre, t'as pas le droit de t'exprimer dans les médias. À aucun moment tu peux faire de la pédagogie et expliquer pourquoi tu as pris telle ou telle décision. Cruel.

• les arbitres se trompent. Ça arrive. Et là où leur métier est cruel c'est qu'à la télé (parce qu'au stade on voit rien) les ralentis permettent aux observateurs de décortiquer toutes les actions, ce qui n'est pas le cas à vitesse réel. Donc, ils doivent prendre des décisions très rapidement en prenant pas mal de facteurs en compte. Par exemple, un type connu pour plonger pour rien, aura moins facilement le droit à un coup de sifflet. La vidéo pourrait servir à régler ce problème mais elle n'est pas encore totalement acceptée.

Globalement, j'ai pris du plaisir à découvrir une fonction que j'ignorais. Tout ce que je leur souhaite c'est de pouvoir davantage parler dans les médias dans un futur proche.

Cliquez-ici pour vous procurer Je suis l'arbitre masqué.

PS : j'ai laissé tomber l'identification de l'arbitre masqué. À chaque fois que je pensais l'avoir trouvé, un détail venait réduire à néant mes recherches. Ma théorie c'est qu'au milieu d'anecdotes propres à son vécu, il s'est appropriés des histoires d'autres arbitres. Les éléments qui semblent précis sont aussi certainement tronqués. Mais au final, ce n'est pas ça le plus important. Ce livre n'est rien d'autre que le récit d'une vie d'arbitre.