Préambule
Je n'ai pas connu Philippe Bouvard à
la télévision, ou peut-être furtivement quand Les Grosses Têtes
étaient sur TF1 au milieu des années 90. J'ai surtout beaucoup
écouté Les Grosses Têtes, sur RTL, à mon insu, dans la voiture de
mon père quand il me ramenait de l'école. C'est la seule image que
j'avais de Bouvard avant de lire Je crois me souvenir... .
De quoi ça parle ?
Dans ce livre, Philippe Bouvard raconte
son parcours. C'est son CV détaillé en quelque sorte. Il explique
son ascension dans le monde des médias, il dresse un état des lieux
du monde de la presse de l'époque, il parle des difficultés
rencontrées, de ses succès et des leçons tirées. Il y a également
une importante partie où il parle des personnes rencontrées au
cours de sa carrière. Cela va de Coco Chanel à Jean-Claude Brialy
en passant par Charles Aznavour et Patrick Sébastien. Il y a aussi
des descriptions des onze types de journalistes différents. C'est
rigolo.
Avis
C'est du Bouvard. Pour ceux qui ne le
connaissent pas, Philippe Bouvard aime les bons mots. Il ne peut pas
s'empêcher de glisser des blagues dans ses phrases. Ca peut paraître
redondant mais c'est également ce qui fait son charme.
''A partir du moment où j'ai compris que, pour accéder à la prospérité, il fallait la feindre, j'ai beaucoup frimé et je continue puisque la publication de ce livre donne à penser que j'ai eu une existence susceptible d'intéresser mes contemporains.''
Les anecdotes distillées sans
parcimonie par Philippe Bouvard sont amusantes mais le plus
intéressant sont les descriptions du monde des médias qu'il a vu
évoluer en plusieurs décennies. Les journaux, autrefois illustres,
disparus aujourd'hui, les patrons de presse qui ont fait les journaux
que nous retrouvons encore aujourd'hui dans les kiosques, les
accointances entre politiques et journalistes, et cetera.
Ce livre m'a permis de découvrir
l'histoire de l'animateur inébranlable des Grosses Têtes de RTL.
Celle d'un grand journaliste qui a marqué son temps.
Aujourd'hui, la télévision et la
radio font souvent oublier le passé de ceux qui sont dedans.
Exemple : Jean-Michel Maire dans Touche pas à mon poste (D8).
Cyril Hanouna lui a confié l'image du chroniqueur pervers, le vieux
beau. Mais avant de faire le rigolo devant un million de
téléspectateurs, Jean-Michel Maire a occupé des postes importants
au Figaro et à France Soir. Ce n'est pas rien.
Les bonnes feuilles
Dans une partie du livre, il décrit
les attachés de presse, qui, à l'époque étaient souvent des
femmes.
''Considérée par les publicitaires comme une ravisseuse de budgets et par les épouses de journalistes comme une voleuse de maris. Plus sa jupe est courte et plus sont longs les article qu'elle obtient de faire publier gracieusement pour vanter les mérite des employeurs qui, voilà, quelques années, devaient cracher au bassinet.''
Il évoque aussi son passage dans la
bande à Ruquier, sur Europe 1.
''On parlait surtout de sport et je n'y connaissais rien. Ruquier prenait plaisir à m'humilier en remarquant, in petto, et contrairement à la vérité, que j'avais quitté le bateau des Grosses Têtes alors qu'il faisait naufrage. Je finis par lui mettre le marché en mains : ''Si vous continuez à dire pis que pendre de mon ancienne émission, je dirai à propos de la vôtre que je n'ai jamais participé à une émission réunissant aussi peu d'auditeurs.''
Vous ne le savez peut-être pas, mais
avant les dîners de Paris Première et de C à Vous, Bouvard en
faisait aussi, et il explique pourquoi.
''Les confidences varient du tout au tout selon qu'elles sont consenties par les invités qui, étant placés devant une table basse, ne pensent qu'à baisser leur jupe ou à remonter leurs chaussettes ou par des invités auxquels on donne la possibilité de mettre les coudes sur une table où l'on a placé de quoi boire et grignoter.''
Et puis, il y a ce passage où il
dresse le portrait de Thierry Le Luron, c'est le plus émouvant du
livre à mon avis.
''Sa disparition m'a fait beaucoup de peine et il ne s'est pas écoulé de semaine depuis lors sans que je pense à lui. Je crois que s'il est mort aussi jeune c'est parce qu'à 34 ans, il avait déjà tout vu, tout entendu et tout compris.''
Parenthèse sur Le Luron. Je n'ai pas
connu ses sketchs, mais sa ressemblance avec Steve Carell, mon acteur
préféré, est frappante, aussi bien physiquement que sur les
mimiques. Ca fait presque peur.
Si vous voulez en savoir plus sur
Thierry Le Luron, Un jour un destin lui a été consacré par Laurent
Delahousse sur France 2.
A qui s'adresse ce livre ?
Aux journalistes en herbe. Pour
construire le futur, il faut connaître le passé.
Conseil de lecture
Entre deux épisodes de The Newsroom.
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