Préambule
C'est la seconde partie du diptyque entamé avec Bienvenue au club.
De quoi ça parle ?
Avis
Jonathan Coe a fait du Jonathan Coe et après avoir lu six livres de l'auteur anglais, je pense avoir saisi son fonctionnement. Certes, l'histoire donne son nom à ses livres mais dans ses bouquins, il tient avant tout à faire une photographie de l'époque choisie. Et j'apprécie la précision des propos. Pour rendre ses histoires encore plus crédibles, il utilise des événements qui parlent au plus grand nombre, comme des manifestations ou des attentats qui ont marqué l'opinion publique. S'il donne toujours son avis à travers la voix de ses personnages, c'est, pour l'instant, son livre où il est le plus virulent.
Page 354, il y a ce passage sur le racisme.
''Le racisme est partout, mais il n'est pas proclamé. Si tu veux du racisme, va dans l'Angleterre profonde et incruste-toi dans un dîner du Rotary. Tu trouveras tout un tas de gens, anglais, blancs, bourgeois, qui fondamentalement n'aiment pas les Noirs, qui n'aiment personne en dehors de leur petit monde, mais qui sont bien lotis, qui mènent leur vie comme ils l'entendent et qui donc n'ont pas besoin de passer à l'acte, à part peut-être en lisant le Daily Mail et en déblatérant entre eux au bar après une partie de golf. Ca, c'est du racisme. Alors que ceux qui s'organisent, qui vont dans des manifs et qui provoquent des bagarres, ceux qui en parlent ouvertement... ça c'est autre chose. Ce sont aussi des victimes. Des perdants. Leur peur et leur sentiment d'impuissance sont si forts qu'ils sont incapables de les dissimuler. En fait, c'est même pour ça qu'ils font des choses pareilles : ils veulent qu'on sache qu'ils ont peur. ''
Plus loin dans le livre, il raconte aussi une soirée où les 50 hommes les plus puissants d'Angleterre se retrouvent. Un grand généticien est ignoré par les journalistes et le gagnant de la dernière télé-réalité attire toute l'attention.
Il critique aussi le monde politique, à travers Paul Trotter, l'un de ses personnages qui pense plus à sa carrière qu'à ses idées. D'un côté, il est partagé entre suivre les directions de son parti et de l'autre l'intérêt des citoyens qui ont placé leur confiance en lui pour les représenter.
On comprend aussi dans ce livre qu'il exècre les puissants.
''Les gens comme Paul finissent toujours pas retomber sur leurs pieds. Regarde Michael Usborne. La dernière fois qu'il a mis une entreprise sur la paille et qu'il s'est taillé avec deux ou trois millions de livres, tout le monde a dit qu'il était fini. Mais le revoilà, bon Dieu, PDG d'une entreprise d'électricité. Ces gens-là ne sont pas comme nous. Ils sont invicibles.'' Pour rebondir sur l'actualité française, attendons de voir ce que va devenir Cahuzac dans les années qui viennent.
Je pense que ceux qui sont contre les idées de Coe auront du mal à apprécier ses avis tranchés... pour les autres, c'est un régal.
Conseil de lecture
A Birmingham ou à Berlin.
Infos
543 pages
8,90 euros (Lien pour l'acheter)
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