dimanche 6 mai 2018

Avis lecture - Je suis l'arbitre masqué

Pour vendre, la communication c'est le nerf de la guerre. C'est valable dans tous les domaines. L'édition n'y échappe pas. Le livre Je suis l'arbitre masqué n'échappe pas à la règle.



Pour faire parler de ce livre, des extraits très précis sont sortis dans la presse. Des noms qui font cliquer et attirent les curieux. Ça n'a pas loupé, les sites s'en sont donnés à coeur joie à commencer par Le Figaro qui a été le premier à dégainer.


Ensuite, beaucoup de sites s'en sont donnés à coeur joie, même Public, bien connu pour parler de foot (non). 



Clairement, si tout ce qui vous intéresse ce sont les anecdotes sur les gens connus, contentez-vous de lire ces articles. D'ailleurs c'est ce que semble avoir fait la majorité des gens qui ont commenté la sortie de ce livre sur Twitter. Ils ont donné leur avis et émis des hypothèses sans même avoir ouvert l'ouvrage.

C'est un procédé qui me gêne. Donner son avis, oui. Peu importe qu'il soit positif ou négatif. Mais donner son avis dans le vent seulement sur un a priori ou des rumeurs, bof.

J'ai acheté le livre. Je l'ai lu du début à la fin. Je peux donc vous affirmer ceci :

LES EXTRAITS QUI PARLENT DE GENS CONNUS DU FOOTBALL NE CONCERNENT QUE 5 % DU LIVRE.


L'objectif de ce livre n'est pas du tout de taper sur Fékir, Aulas, Walderma Kita, Ben Arfa ou d'autres. Les gens qui suivent le football français n'ont pas attendu l'arbitre masqué pour apprendre que Hatem Ben Arfa n'est pas un bon gars, que le président du FC Nantes est une pourriture ou que Aulas est relou avec les arbitres. C'est d'ailleurs peut-être pour ça que le livre n'a pas tant de réseaunance que ça. Sur Twitter, il n'y a eu que 2 000 tweets. Autrement dit : rien du tout. Les seules personnes qui sont remontées sont liées à l'Olympique Lyonnais.

Donc, au-delà des 5 % mis en avant pour faire parler du livre, je vais vous parler du reste. C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus intéressé et donné envie de dévorer le bouquin.



Dans Je suis l'arbitre masqué, l'auteur raconte son parcours d'arbitre de ses débuts à la fin de sa carrière.

Mon principal obstacle à la lecture c'est la personnalité du monsieur. Je n'aime pas le terme de beauf donc je ne l'utiliserai pas. Mais, les passages où ils racontent ses sorties d'après-match en ville où ils cherchent à coucher avec des meufs en profitant de son argent et son statut m'ont pas vraiment intéressé. Il évoque même des histoires de prostitution ou sa frustration quand à la fin d'un effeuillage, la danseuse refuse de coucher avec lui.

Par ailleurs, c'est un compétiteur avec tout ce que ça comporte. Il semble peu sûr de lui. À travers les pages on ressent son besoin constant de prouver qu'il ne vaut pas rien. Il a besoin de reconnaissance. Mais encore une fois, ce n'est pas non plus le sujet principal du livre.

Je vous propose de découvrir des extraits qui m'ont marqué.

À propos de l'arbitrage des vedettes.

Page 93 : « Je dois m'habituer à cette approche particulière qu'exigent les joueurs de premier plan maintenant que j'ai fait mes preuves et que le haut du tableau va devenir ma résidence principale. Penser que l'on puisse les arbitrer comme n'importe quel footeux lambda est évidemment un leurre. Ce sont eux qui amènent les droits télé et le public dans les stades. On est bien obligé de prendre cette dimension en compte. Indirectement, ils paient aussi nos salaires. La Ligue 1 ne regorgeant pas de stars internationales, il faut en prendre d'autant plus soin. »

En clair, un arbitre aura moins tendance à te protéger si t'es un attaquant d'une équipe du ventre mou que si t'es un attaquant d'une équipe qui joue l'Europe. C'est aussi simple et révoltant que ça. Tout ça pour des questions d'argent. Et oui, c'est indépendant de sa volonté. Si tu tentes de faire le fou, tu seras ensuite affecté à des rencontres de bas de tableau qui sont moins intéressantes à arbitrer.

Sur le mépris des arbitres.

Page 232 : « Ce n'est pas être paranoïaque que de constater qu'on est globalement assez mal vus... La nullité indépassable de l'arbitre français est devenue une donnée communément admise. Et ça, c'est bel et bien le fruit du matraquage à longueur d'antenne. Même les gosses ont parfaitement intégré cette notion et contestent les décisions avec véhémence du haut de leurs trois pommes. Comme des grands. »

Ce que je retiens de ce livre :

• arbitre c'est une fonction super ingrate. Sachant que ce n'est pas un travail à plein temps et que certains ont un travail à côté. Avant la lecture de ce livre, je n'avais jamais pris le temps de penser à la condition de ces gens.

• Noël le Graët est une merde. C'est pas une surprise mais après avoir fini ce livre c'est encore plus clair. En gros si t'es arbitre, t'as pas le droit de t'exprimer dans les médias. À aucun moment tu peux faire de la pédagogie et expliquer pourquoi tu as pris telle ou telle décision. Cruel.

• les arbitres se trompent. Ça arrive. Et là où leur métier est cruel c'est qu'à la télé (parce qu'au stade on voit rien) les ralentis permettent aux observateurs de décortiquer toutes les actions, ce qui n'est pas le cas à vitesse réel. Donc, ils doivent prendre des décisions très rapidement en prenant pas mal de facteurs en compte. Par exemple, un type connu pour plonger pour rien, aura moins facilement le droit à un coup de sifflet. La vidéo pourrait servir à régler ce problème mais elle n'est pas encore totalement acceptée.

Globalement, j'ai pris du plaisir à découvrir une fonction que j'ignorais. Tout ce que je leur souhaite c'est de pouvoir davantage parler dans les médias dans un futur proche.

Cliquez-ici pour vous procurer Je suis l'arbitre masqué.

PS : j'ai laissé tomber l'identification de l'arbitre masqué. À chaque fois que je pensais l'avoir trouvé, un détail venait réduire à néant mes recherches. Ma théorie c'est qu'au milieu d'anecdotes propres à son vécu, il s'est appropriés des histoires d'autres arbitres. Les éléments qui semblent précis sont aussi certainement tronqués. Mais au final, ce n'est pas ça le plus important. Ce livre n'est rien d'autre que le récit d'une vie d'arbitre.






0 commentaires:

Enregistrer un commentaire