Voici l’aboutissement d’une réflexion que je mène depuis 2015 et mon arrivée à BuzzFeed France. Après 9 ans de réflexion donc, je suis désormais certains que ma santé mentale était plus tranquille avant de m'intéresser beaucoup plus à tout ce qui est discrimination des minorités.
J'avais fait une grande pause en arrivant à L'Express et puis en allant à StreetPress je m'étais réjoui car là-bas les gens n'étaient pas si engagés que ça par rapport à mes collègues de BuzzFeed France.
Mais au bout d'une dizaine d'années, je dois admettre que ça m'use de voir des problèmes partout.
• quand je regarde un couple homme / femme faire du vélo et que l'homme attend pas sa meuf (j'ai déjà fait ça et j'en ai honte)
• quand Kelyan de Secret Story rentre dans la maison alors qu'il a 2 enfants en bas âges (qui s'occupe d'eux ?)
• quand ce bouffon de Samuel Étienne est à fond sur les réseaux sociaux alors qu'un article est sorti pour dire que sa femme a une charge mentale de zinzin à s'occuper de la maison et des enfants pendant qu'il est sur internet
• quand je regarde C ce soir sur France 5 et que des vieux hommes coupent la parole à des jeunes femmes dont une racisée
• quand je vois tout ce qui arrive aux personnes trans (ce sujet me touche depuis que j'ai vu la série
Transparent en 2014)
• quand je lis / regarde les médias et que je connais les dessous peu reluisants
• quand je regarde une banale vidéo Youtube et que y a des propos homophobes ou racistes lâchés sans honte
• quand je vois les attaques incessantes sur les musulmans en France
Enfin bref, tout ça m'épuise mentalement. Avant 2015, je faisais mes p'tites vidéos youtube, mes études, mes piges, mes déplacements pour encourager le SCO d'Angers, je lisais mes livres et j'étais plus en paix.
Je pense sincèrement avoir fait ma part pendant une dizaine d'années et je vais la lister comme ça c'est clair :
- toute mon expérience à BuzzFeed France déjà (pour ceux qui avaient pas suivi, on parlait bien avant tout le monde des sujets qui enflamment les réseaux sociaux des années plus tard : féminisme, grossophobie, racisme, islamophobie, sexisme, violences policières, etc.)
- j'ai été bénévole chez
La Rue Tourne, une asso qui crée du lien avec les SDF de Paris
- j'ai été prof à
Droit à l'école pendant 2 ans. Droit à l'école est une association qui donne des cours de de Français à des mineurs non-accompagnés
- et enfin, beaucoup de publications sur les réseaux sociaux sur ces sujets
Et puis au-delà de ces sujets, il y a d'autres thématiques qui occupent mon esprit mais je préfère ne pas en parler ici. Tout ça pour dire que quand on prend l'ensemble ça fait beaucoup.
Est-ce que ça veut dire que je ne vais plus parler de tout ça ? Je sais pas parce que ce qui est compliqué c'est qu'une fois qu'on ouvre les yeux sur les problèmes de la société, c'est difficile de les refermer. Mais ouais c'est épuisant.
Et puis je me retire avec l'impression donnée par les réseaux sociaux qu'une nouvelle génération s'est emparée de ces sujets. Et c'est un roulement qui est hyper important.
J'ajoute un point primordial, c'est que n'étant pas directement concerné à part pour le racisme, j'utilise ma position privilégiée dans la société pour me retirer « facilement ». Quand on est concerné par un sujet c'est quasi impossible de s'en extraire et j'en ai bien conscience.
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