dimanche 17 juillet 2016

Avis lecture - Sex and the series d'Iris Brey

Ce n'est pas la première fois que Les Inrocks ont déclenché un achat de livre chez moi. Cette fois-ci, c'est après avoir vu un article sur Sex and the series que je suis allé l'acheter dans la librairie indépendante Les guetteurs de vent dans le XIe arrondissement de Paris.



Avant d'ouvrir le livre, j'ai su que ça allait me plaire. Sur la couverture, on voit deux personnes féminins de deux séries que je regarde. Virginia Johnson de Master of Sex et Hannah Horvath de Girls.



Le livre parle de la façon dont les sexualités des femmes sont représentées dans les séries. Au fil des pages, Iris Brey analyse des extraits de séries et l'impact qu'ils peuvent avoir sur la société.

Le bouquin est organisé en quatre parties:
- la parole et le sexe
- le plaisir au féminin
- les violences
- sexualités queer

Iris Brey est docteure en cinéma et elle donne des cours à la New York University. C'est donc une universitaire. Et j'ai eu peur de me retrouver à devoir déchiffrer des phrases difficiles à comprendre. Que nenni!  Et c'est la le point fort du livre. Elle a réussi le tour de force de rendre ses propos très compréhensibles (ce qui n'est pas si facile à faire) et donc digestes.


L'autre réussite de l'auteure c'est d'avoir étudié beaucoup de séries diverses et variées. Elle évoque des séries relativement confidentielles comme Girls ou Broad City. Mais elle parle surtout de séries très grand public comme Grey's Anatomy, Desperate Housewives, How I Met Your Mother ou encore Game of Thrones.

À la fin de la lecture de Sex and the series j'ai eu l'impression d'apprendre beaucoup. C'est un livre extrêmement instructif. Il fait réfléchir. Il permet aussi de voir les séries sous un angle différent. C'est difficile après l'avoir lu de ne pas analyser toutes les scènes de sexe.

La plus grande leçon de ce livre se trouve page 26.
"Les séries ont une fonction éducative dans la société. Le plaisir féminin est un concept absent des manuels scolaires ou du discours parental, mais il peut se trouver dans les séries."
Et cette remarque est valable pour le meilleur et surtout, malheureusement, le pire.

Un thème a attiré mon attention: la masturbation féminine. Vous le savez si vous avez été au collège, les garçons s'en vantent et les filles n'en parlent pas. Et ça, c'est le résultat d'une construction sociale suivie scrupuleusement par une majorité de jeunes femmes. D'ailleurs, le langage est un bon reflet de l'évolution d'une société. On peut lire page 66, qu'il existe 43 synonymes pour la masturbation masculine et seulement six pour la masturbation féminine. Et c'est là où les séries peuvent avoir une fonction éducative. Page 81, on peut lire:
"La masturbation féminine est devenue beaucoup plus visible récemment grâce aux séries. Voir à l'écran des femmes qui jouissent seules normalise la masturbation."
Et c'est aussi grâce aux séries que les gens pourront arrêter de dire et de penser qu'une femme qui couche le premier soir/avec beaucoup de partenaires est une salope alors qu'elle a tout simplement le droit. Pas plus tard que cette semaine, j'ai entendu Nagui et un humoriste du Jamel Comedy Club critiquer ces pratiques à la télévision.

Ce qui est bien aussi dans les séries, et c'est aussi ce qu'on comprend dans le livre, c'est qu'elles permettent d'offrir des modèles aux femmes. Des modèles qui peuvent leur montrer des comportements différents et plus modernes que ce qu'elles connaissent déjà. Des exemples de femmes épanouies qui n'en font qu'à leur tête et qui ne se soumettent pas au qu'en dira-t-on et aux constructions sociales.

Il y a encore du chemin à faire mais le plus important c'est d'essayer d'imposer des idées égalitaristes et positives. Et le livre Sex and the series en fait partie.

Je vous recommande très vivement ce livre éclairant. Vous pouvez vous le procurer chez Soap Editions.



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Avis lecture - Les crocodiles (témoignages sur le sexisme ordinaire)
Avis BD - Et, quand est-ce que tu t'y mets?



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