dimanche 5 octobre 2014

Avis lecture - La vie est ailleurs de Milan Kundera



Préambule
J'ai lu La lenteur il y a quelques mois, et j'ai beaucoup aimé. Ensuite, en voyant ce livre dans une librairie, j'ai tout d'abord été attiré par le titre et par le thème : l'adolescence et le passage au monde des adultes.

>>>  Avis lecture : La lenteur de Milan Kundera


De quoi ça parle ?



Avis
J'ai adoré. Kundera a ce style si particulier qui fait qu'on peut à la fois l'aimer ou le détester, comme Bégaudeau. Deux auteurs aux styles clivants. Moi, j'aime les deux. Il y a plusieurs lectures possibles dans La vie est ailleurs. Celle que je m'apprête à vous dévoiler n'a aucun rapport avec le texte de François Ricard placé à la fin du roman. Dedans, il fait une analyse de l’œuvre et m'a, un temps, fait croire que j'étais complètement passé à côté du bouquin. Mais, loin de me laisser influencer, je reste persuadé qu'une œuvre culture n'a pas qu'une seule signification ou un seul objectif. Chacun y trouve ce qu'il était venu chercher.

Ce que j'ai apprécié dans La vie est ailleurs c'est de suivre la façon dont Jaromil, le personnage principal, découvre le monde. Et la découverte va de l'appréhension des camarades d'écoles (les différences de milieux) aux premiers émois amoureux dans lesquels je me suis étrangement reconnu.

A un moment du livre, il observe une jeune femme nue qui prend son bain à travers le trou d'une serrure. Et c'est pour lui un véritable choc qu'il s'empresse, en bon poète qu'il est, de coucher sur le papier. Et on peut lire ceci : ''Il n'était pas assujetti à ce qu'il venait de vivre, mais ce qu'il venait de vivre était assujetti à ce qu'il avait écrit''. Cette phrase est, à mon sens, le but premier de l'écriture qu'il s'agisse d'un roman ou d'une chanson. Moi-même dans ma jeunesse, qui n'est pas si lointaine que cela, j'ai écrit pléthore de textes pour extérioriser à l'écrit des aventures plus ou moins bonnes. Et c'est vrai que coucher des émotions sur papier permet de mieux les appréhender.

A la page 245 j'ai également noté une réflexion intéressante et, à mon sens, juste sur la révolution : ''La révolution la jeunesse forment un couple. Qu'est-ce que la révolution peut promettre à des adultes ? Aux uns la disgrâce, aux autres ses faveurs. Mais ces faveurs-là ne valent pas grand-chose, car elles ne concernent que la moitié la plus misérable de la vie et elles apportent, avec les avantages, l'incertitude, une épuisante activité et le bouleversement des habitudes. La jeunesse a plus de chance : elle n'est pas accablée par la faute, et la révolution peut l'admettre toute entière sous sa protection. C'est le monde des pères qui est précipité dans l'incertitude. Oh ! Comme il est beau d'entrer dans l'âge adulte quand les remparts du monde adulte s'écroulent''.  Mai 68, la révolution des parapluies qui se déroule en ce moment (5 octobre) à Hong-Kong...

Par contre, même si je suis d'accord avec la plupart des propos avancés par Kundera, je ne le suis pas avec ce passage : ''C'est seulement quand il est âgé que l'homme peut ignorer l'opinion de son troupeau, l'opinion du public et de l'avenir. Il est seul avec sa mort prochaine et la mort n'a ni yeux ni oreilles, il n'a pas besoin de lui plaire ; il peut faire et dire ce qui lui plaît à lui-même de faire et de dire''. Dire cela revient à avaliser le fait que pendant ses jeunes années, comprenons la période entre 20 et 30 ans, il faut faire attention à tous ses faits et gestes. Je m'y oppose fermement et c'est d'ailleurs l'une de mes caractéristiques. Combien de fois j'ai lu dans des articles, des tweets ou des messages des personnes qui, s'approchant de la trentaine, regrettaient de ne pas avoir été elles-mêmes à cause de pressions qui émanaient de la Société. Trop de personnes rêvent tellement de s'intégrer et d'être appréciées qu'elles nient leur for intérieur pour adopter un comportement superficiel et consensuel.

Je ne vous gâche pas les passages où il rencontre sa première copine, où il fait l'amour pour la première fois et où il découvre la jalousie maladie. Ce sont mes préférés.

Il y a aussi un axiome important sur la relation entre Jaromil et sa mère qui ne supporte pas de le voir prendre son envol mais cet article est déjà trop long et je vous laisse le découvrir en vous procurant ce très bon livre qui mérite d'être lu.

Conseil de lecture
En mouvement.

Infos
463 pages
8,40 euros

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