dimanche 26 octobre 2014

Avis lecture - Les affamés de Léa Frédeval



Préambule
Vous l'avez peut-être remarqué si vous suivez régulièrement les critiques de livres ou de films du blog, l'adolescence est mon thème fétiche. Et quand une collègue de travail m'a dit qu'elle était en train de lire un bouquin sur les difficultés des jeunes, ça m'a intéressé. J'ai fait une recherche sur Google et le premier lien sur lequel j'ai cliqué défonçait le livre avec des exemples précis et auxquels j'adhérais. Après en avoir débattu avec ma collègue, je me suis décidé à le lire car, et c'est un principe très important, il ne faut pas parler d'un sujet sans l'avoir examiné. Cela vaut aussi pour un film, une émission ou un disque.

De quoi ça parle ?



Avis
Cela se lit facilement et c'est pour cela que je suis allé au bout. La forme est correct +. De temps en temps, elle sort des phrases bien senties qui permettent de rendre la lecture plus agréable. Elle a un vrai style et ça c'est bien. Parlons de ce qui fâche : le fond, après tout c'est le plus important dans un livre. Il m'a fatigué. Son principal problème c'est qu'elle est en plein milieu de la norme et que d'essayer de se fondre dedans, en acceptant ses codes, c'est être voué à la tristesse et à la frustration. Et voici plusieurs exemples pour expliquer ce propos.

''Comment fait-on pour être femme, épouse, amante et mère dans la même journée sans faillir à une des dites missions ?''

C'est un cliché, personne n'oblige les femmes à être mère. Je l'admets, il y a une certaine pression de la société mais à partir du moment où tu te soustraits aux doxas de l'ensemble majoritaire la vie devient bien plus simple. Personne n'oblige les femmes à être mères, personne n'oblige les femmes à se ''faire belle'' (beau terme de merde), à faire attention à la façon dont elles parlent. Certains hommes, des connards, disons-le, ont tenté d'imposer leur vision du monde, à vous mesdames, de ne pas vous laisser faire, tout simplement.

''Nous serons réellement importants lorsque nous rendrons à la communauté ce qu'elle est censée nous avoir donné. [...] Tout ceci arrivera lorsque nous serons ces adultes qui paieront des impôts, qui symboliseront une valeur marchande.''

Non. Je pense qu'on ne doit rien à personne, à part peut-être à ses parents. Et surtout, j'estime qu'il y a d'autres façons d'être utile à la ''société'' que de se transformer en machine à payer des impôts. C'est hyper réducteur de dire ça. Un exemple simple : faire du bénévolat.

''La culpabilité nous ronge. Celle de ne pas être à la hauteur de ceux que l'on aime, celle de ne pas être reconnus comme des gens intelligents, responsables et utiles.''

Tout est une question de prisme. Quand elle écrit ''ne pas être à la hauteur de ceux que l'on aime'', c'est trop flou. J'aurais aimé qu'elle donne un exemple plus précis. Concrètement, et j'espère que ceux qui sont concernés ne le prendront pas mal, mais être à la hauteur d'une famille où personne n'a son bac et n'a pas un poste intéressant ou important c'est ''facile''. Par contre, oui, ce propos peut fonctionner quand toute votre famille est brillante.  Sur la seconde partie de la phrase sur le fait d'être reconnu comme des gens intelligents et tout, je pense qu'il faut vraiment arrêter de vivre par rapport à ce que vont penser les autres. Ça ronge et c'est une des raisons pour lesquelles l'auteure semble si triste et pessimiste.

Il y a tout un passage sur les hipsters. Je n'ai pas compris ce qu'il fait là. Je ne m'attarderai pas sur le sujet, pas ici en tout cas, juste sur une phrase : ''Cette mouvance ne prend en compte qu'un petit groupe restreint d'hommes et de femmes qui sont graphistes, créatifs, photographes, DJ, designers, journalistes et communicants. Jamais vous ne verrez un hipster plombier ou boucher. JAMAIS''.

Geoffrey, Secret Story 8, est électricien.

Une photo publiée par jeffosaurusrex (@jeffosaurusrex) le


Il y a aussi ce loooooong passage sur les jeunes et l'alcool où elle affirme que TOUS les jeunes aiment boire. Je vous invite à lire mon témoignage à ce sujet sur Rue 89 : Ni tabac, ni alcool, ni sexe pour le sexe : mes années straight edge.

''Je ne sais pas si les garçons, si les hommes, ont conscience du mal que les jeunes filles se donnent pour ne serait-ce qu'avoir le sentiment de leur plaire ? Je ne sais pas si ils réalisent le temps incalculable que nous passons à nous épiler, maquiller, habiller et autres subterfuges pour qu'en plus, ils ne le remarquent que très rarement.''

Je fais partie des garçons hétérosexuels qui n'accorde que peu d'importance à l'apparence et plus à ce qui se cache dans la partie au-dessus des épaules et invisible de l'extérieur. Et, encore une fois, personne ne vous oblige à vouloir ressembler aux modèles qui vous sont présentés dans certains médias. Emancipez-vous de cette image de femme imaginée par des publicitaires véreux.

Ce qui m'a agacé dans ce livre ce sont les généralités. Attention, il m'arrive aussi d'en faire. Simplement, là, le postulat de départ était de parler de ce qu'ELLE a vécu et non pas d'affirmer que ce qu'elle a vécu représente une vérité générale car ce n'est pas le cas. Et c'est bien ça mon principal problème.

Au-delà de cela, je n'ai pas aimé le livre car c'est un bouquin très pessimiste qui ne correspond pas à ce que je vois autour de moi. Je me vois, moi, je vois mes amis proches, des connaissances et je ne connais personne qui est dans cette situation. Le pessimisme n'a jamais fait avancer personne, c'est juste chiant les gens qui se plaignent. Être posi n'est pas facile, au début, mais une fois que vous l'êtes, c'est franchement cool. Tout est une question de point de vue.

Un exemple vécu : il y a quelques années, je n'avais pas assez d'argent pour m'acheter un vrai repas le midi, au lieu de me plaindre de simplement manger une baguette, je me suis réjouis que cette péripétie m'ait rapproché d'un camarade qui était dans la même situation que moi. Vous voyez ? C'est simple.

Un autre exemple : vous avez un copain / une copine qui est insupportable. Au lieu de passer votre temps à vous plaindre de lui/elle, parlez-lui en et si elle ne change pas, laissez-le tomber, c'est tout, mais ne vous focalisez pas sur des éléments négatifs.

Toutefois, en toute honnêteté, je pense que si j'avais été dans sa situation où m'était reconnu dans son expérience, j'aurais plus apprécié le livre. Après en avoir parlé avec la personne qui m'a prêté le livre, je me suis rendu compte qu'il s'agissait quand même d'une réalité au moins partagée par l'auteure et ma collègue.

C'est pour qui ?
Ceux qui aiment se plaindre et voir qu'ils ne sont pas les seuls à le faire. Préférez les livres positifs qui montrent des exemples de réussites.

Conseil de lecture
Si vous pouvez vous le faire prêter c'est cool.

A lire aussi :
Avis lecture - Au début de François Bégaudeau
Avis lecture - La vie est ailleurs de Milan Kundera

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