dimanche 5 juillet 2015

Avis lecture - Vernon Subutex (tome 1) de Virginie Despentes



C'était la seconde fois que j'allais en Seine-Saint-Denis. La première fois, c'était pour assister à un match de l'équipe de France de football au Stade de France. La seconde, en février 2015, c'était pour assister à un échange/dédicaces de Virginie Despentes avec des lectrices et des lecteurs dans le cadre des Journées Dionysiennes. Une cinquantaine de personnes se sont entassées dans la librairie Folies d'Encre pour questionner l'auteure sur son dernier livre, Vernon Subutex, et sur l'actualité. Outre le discours déjà étayé dans ses précédents livres, j'ai surtout retenu sa fascination vis-à-vis du phénomène des YouTubeurs. A la fin de la rencontre, j'en ai profité pour faire des dédicacer Vernon Subutex (acheté le jour-même), King Kong Theorie, Baise-moi et glisser un timide : "Continuez ce que vous faites". C'est la première fois que je fais la queue pour avoir la signature de quelqu'un. Virginie Despentes est la seule auteure pour laquelle je ferais ça. Chez les hommes, je pourrais aussi le faire pour François Bégaudeau.

De quoi ça parle ?



Avis
Vernon Subutex est une histoire répartie en 3 tomes. L'auteure a donc tout le temps pour installer son histoire et entrer en profondeur dans l'histoire du personnage. Comparé à ses précédents livres, le rythme est, de facto, plus lent. J'admets que j'ai été un peu ennuyé par la première partie. Je n'ai pas trop reconnu le style Despentes. J'ai arrêté la lecture. Et j'ai repris ces derniers jours pour en venir à bout. La seconde partie du livre est beaucoup mieux que la première. On retrouve les combats de VD et j'ai pris beaucoup plus de plaisir. Mon passage préféré est celui où Vernon admet être tombé amoureux d'un trans. Il n'en a pas honte.

Extrait des pages 296 et 297
" - C'était pas un travelo, au moins ?
- Non, une trans. Super belle. Super classe. 
- Tu plaisantes ? 
- Non. Tu me demandes, je te réponds. [...] Sa queue était plus grosse que la mienne. Moi aussi ça m'a surpris au début, que ça ne me gêna pas. Tu vas pas me croire, mais la conclusion à laquelle j'en suis arrivé, et j'étais le premier étonné mais j'ai dû me rendre à l'évidence : on s'en fout de la chatte. C'est pas la chatte qui fait la meuf."

Oui, qu'il assume un plaisir marginal, je trouve ça cool. Mais au-delà de ça, ce qui est intéressant c'est la globalité. En 26 ans, j'ai observé les gens. J'ai remarqué qu'ils suivaient beaucoup. Ils suivent les exemples. Ils observent, voient ce que tout le monde fait et font pareil. Le meilleur exemple en date sont les Stan Smith et les Superstar. Rares sont les gens qui assument leur(s) différence. Et c'est normal, ça demande du courage de se positionner à contre-courant.

Attention, qu'on se comprenne bien. La manif pour tous est à contre-courant de la société, aussi. Mais je parle de prises de positions positives, pas stupides et archaïques.

Aussi, pendant tout un chapitre, qui commence page 304, Virginie Despentes raconte la descente aux enfers d'un toxicomane. Ça prend vraiment aux tripes et ça fait surtout peur.

Dans un registre plus léger, il y a ce personnage qui est payé pour laisser des avis négatifs sur Internet. Je n'avais jamais entendu parler de cela. Je savais que des propriétaires d'établissements laissaient des commentaires négatifs chez des concurrents mais là il est question d'une personne qui fait ça de façon professionnelle.

"Elle pourrit à la demande, tel artiste, tel projet de loi, tel film ou tel groupe électro. [...] Ensuite, ça roule tout seul - les journalistes regardent Twitter et les commentaires, et se sentent obligés de tenir compte des conneries qu'ils y trouvent."

Plus loin, l'auteure ironise sur les titres qui pullulent sur l'internet des années 2010.
"Elle voudrait retrouver l'imbécile qui a décidé que tous les titres d'article de la page d'accueil Yahoo! seraient des devinettes : "Incroyable découverte à l'aéroport de Chicago" - un psychopathe qui a trouvé la formule la plus agaçante qu'on puisse imaginer pour arracher les clics d'internautes en ne leur disant jamais ce qui est contenu dans l'article".

Bon, avec tout ça, je ne vous ai même pas parlé du principal sujet du livre. La trame de fond du bouquin c'est la descente aux enfers d'un disquaire qui se retrouve à la rue. Ce qui est captivant c'est de voir comment, en quelques années, son prisme sur la société a changé.

Conseil de lecture
Assis(e) sur un banc.

C'est pour qui ?
Pour ceux qui aiment Virginie Despentes. Ceux qui n'ont jamais lu un de ses livres devraient commencer par King Kong Theorie.

Infos
397 pages, 19,90 euros.
Lien pour l'acheter

A lire aussi
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