C'est la troisième fois que je fais du vélo sur une distance aussi longue. Je vous ai déjà parlé des deux premières fois, ici et ici. La grande différence avec les fois précédentes c'est que cette fois-ci, je n'étais pas tout seul et surtout, j'étais pas du tout prêt physiquement. Ma jambe gauche était encore douloureuse. Enfin, un tendon de ma jambe gauche. La semaine précédente j'ai fait 66 km, une distance "facile" pour moi, pourtant, j'ai dû m'arrêter aux 3/4 car ma jambe me faisait extrêmement mal. J'ai terminé tant bien que mal la sortie parce qu'il fallait bien rentrer mais j'ai pris rendez-vous chez le médecin le lendemain. Elle m'a conseillé de ne pas faire de vélo pendant une dizaine de jours pour reposer ma jambe. Le problème, c'est que je m'étais déjà inscrit à la sortie du Mobile Cycle Club qui était prévue pour la fin de la semaine. Pour éviter tout problème, j'ai pas fait de vélo de la semaine pour reposer ma jambe. J'ai senti les effets bénéfiques de ce repos jusqu'au jour J et je me suis donc dirigé vers le Bois de Boulogne où le rendez-vous était fixé.
À mon arrivée, quelques personnes sont déjà présentes dont Julia et Anthony qui sont à l'origine de tout ça. La tonnelle, la table, les blancs et le panneau siglé du R de Ridéon donnent une ambiance rassurante à la sortie. Je suis venu pour ça. Pour me faire entraîner. Sinon, pas sûr que j'aurais tenté 100 km tout seul. Morgane de
Mojo Food est chargée de donner les deux boules d'énergie et du café à chaque participant. L'ambiance est détendue mais calme.
En ce qui me concerne, j'ai de l'appréhension face aux 100 km qui m'attendent mais je fais tout pour ne pas y penser. Je me laisse porter.
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Là, c'était avant la première montée et sur du plat (source) |
Je pars avec le second groupe guidé par Julia assistée de Tony. Tant qu'on est en ville ça va. C'est au bout d'une trentaine de kilomètres que les problèmes commencent pour moi, quand la première difficulté pointe le bout de son nez, juste après Méry-sur-Oise. À cause de ma jambe gauche fragile que je dois préserver, je fais en sorte de toujours pédaler à plus de 90 rotations par minute. Du coup, hors de question de forcer dans les montées. Résultat : en 5 secondes je suis distancé. Je reste à mon rythme pour ne pas exploser. Cependant, lorsque la route cesse de s'élever, je sais que je dois combler mon retard par rapport aux autres. Outre l'excès de fatigue physique que ça me coûte, c'est aussi une bagarre mentale de se dire qu'on ne veut pas ralentir le reste du groupe. Me voyant en difficulté, Julia me dit que quoi qu'il arrive, elle ne laissera personne derrière. Ça m'a fait plaisir d'entendre ça et m'a remis du baume au coeur. Le hic, c'est que inconsciemment, ça me met aussi une forme de pression.
Cette pression elle a deux faces. La première est celle qui fait progresser. C'est littéralement comme ça que j'ai beaucoup progressé à vélo, notamment via le Ride du Mercredi ou à Vincennes ou Longchamps. Rouler avec des gens plus forts, ça pousse à se dépasser. Bref, sur une sortie de 30 km, ça fonctionne mais se retrouver dans un schéma comme celui-ci sur 100 km, c'est un autre délire. Au bout de la 3e montée, mon moral commence à flancher une première fois. Mais Julia ne m'oublie pas et ne me laisse pas tout seul. Ma "chance" sera la grande malchance d'un autre participant qui a fait un tout droit, s'est éclaté dans un champ de maïs et a abimé son vélo. Ne pouvant pas repartir, Julia, a appelé le van du Mobile Cycle Club qui suit la sortie, pour qu'il vienne en aide au gars qui a eu une mésaventure. J'en profite pour retrouver le reste du groupe qui attendait de savoir quoi faire, à une centaine de mètres. Ça donne l'image ci-dessous où on dirait que je suis avec le groupe alors que ça fait bien 20 minutes que j'étais en galère.
La suite ne sera pas plus réjouissante pour moi. Julia restera attendre avec le gars qui est tombé et confiera le trajet jusqu'au repas à Tony. Sans surprise, je me retrouve vite lâché et là je vois que Tony reste près de moi. Je comprends que Julia lui a donné la consigne de faire attention à moi ! C'est trop gentil. Ça va surtout beaucoup m'aider. Voici à quoi ressemble tout le trajet qui m'attend avant d'arriver au repas.
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C'est tout sauf plat :( |
C'était vraiment très difficile. Les endroits où ça montait pas, y avait du vent de face. Franchement difficile. Cependant, c'est à ce moment-là où je suis tombé sur
Etienne qui roulait tranquillement. Être à deux dans ces moments-là, c'est pas du luxe. Ça m'a beaucoup aidé ! La grosse ascension que vous pouvez voir ci-dessus était vraiment duuuuure. Deux choses m'ont porté : 1/ Tony qui m'a poussé dans la montée (ça donnait l'impression d'avoir un vélo électrique). Il devait sacrément être facile pour faire ça, merci à lui ! 2/ Savoir que de la nourriture m'attendait après cette difficulté.
Bref, j'arrive tant bien que mal au ravitaillement et là il est grand temps de manger. Lors de l'inscription à la sortie, j'avais réservé un sandwich vegan (guacamole, olives noires, tomates vertes, pickles d’oignons rouges et roquette) concocté par
Mojo Food. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. C'ÉTAIT HYPER BON !!!
Je me suis franchement régalé. Gourmand comme je suis, j'ai même regretté de ne pas pouvoir en manger un deuxième. Cependant, j'ai pris les deux boules d'énergie en dessert et elles étaient aussi délicieuses.
Cette pause repas était franchement la bienvenue. C'était convivial, on a bien mangé, les photographes ont fait des photos, on a participé à un tirage au sort pour gagner des
pneus Hutchinson et ensuite il était temps de repartir.
À ce moment-là, mon moral est reparti à la hausse. J'ai bien mangé, mes jambes sont reposées, je suis prêt à avaler les 40 kilomètres qui restent avant l'arrivée. Cet état d'esprit a tenu approximativement 1 minute. Jusqu'à la première difficulté en fait. En soi, 40 km c'est pas beaucoup. Mais après 60 km et pas mal de D+, c'est une toute autre histoire. Je me retrouve à nouveau avec Étienne. Enfin c'est surtout lui qui reste avec moi car je suis bien plus mal en point que lui. Il a vraiment été sympa ! Sur le plat, j'essaie de rattraper le reste du groupe mais c'est peine perdue. Je n'ai plus assez d'énergie pour me dépasser. J'ai besoin de rouler à mon rythme, sans pression. Sans me dire qu'une vingtaine de personnes vont m'attendre en haut de chaque ascension. C'est ce que j'explique à Julia qui s'inquiète de me laisser dans la pampa comme ça. Je lui ai expliqué mon point de vue et elle a eu la gentillesse de me laisser finir la trentaine de kms restants tout seul. D'un coup, je me suis retrouvé seul face à moi-même dans la campagne du Val d'Oise où ça ne captait même pas en EDGE. Je l'ai choisi ce moment mais ça n'enlève rien à la difficulté de l'épreuve. Cela dit, rouler à mon rythme m'a vraiment fait du bien. J'allais objectivement très lentement (notamment à cause de ma jambe gauche douloureuse) mais j'avançais. Le sport et le vélo en particulier offre ce genre de moment hors du temps. Moi, tout seul sur mon vélo, dans la campagne. C'est une formidable façon de se retrouver face à soi-même. Le silence est absolu, les champs s'étendent à perte de vue, il n'y a aucune voiture qui passe.
Je dois avancer, je n'ai pas le choix. Je ne vais pas rester ici. Ce sont certainement les 30 kilomètres les plus longs de ma vie. Contrairement à mes deux premières longues sorties, je ne suis pas près d'Angers. Le nom des villages ne me disent rien. Ce que je vois ne me rappelle rien. Ma jambe gauche commence à me faire très mal alors je pousse mon vélo quand ça monte. Je remonte dessus quand c'est plat ou que ça descend. Petit à petit, je sens que je me rapproche de la ville. Il y a de plus en plus de maisons et surtout, j'aperçois Pontoise au loin. Ça me remet du baume au coeur. Un baume trompeur. Mon Garmin m'indique qu'il reste une dizaine de kilomètres mais dans mon état, c'est beaucoup. Très rapidement, j'entre dans la ville et c'est un grand ouf de soulagement qui m'envahi quand je vois le panneau Pontoise. Une dernière poussée de vélo en montée et ça y est, j'arrive au centre-ville et j'emprunte la descente qui me ramène jusqu'à la gare où à ma grande surprise, il y a encore les organisateurs et quelques participants qui trainent.
Après ça, j'ai expérimenté quelque chose qui m'inquiétait mais qui m'intéressait aussi : rentrer en RER avec mon vélo. Oui, je sais que ça peut avoir l'air absurde mais il faut savoir que je ne prends jamais le RER. Cependant, je sais que c'est un truc qui se fait. Partir de Paris à vélo et rentrer en train. Franchement, rien à dire de spécial à ce sujet, y avait pas grand monde et j'ai pu me poser tranquillement avec mon vélo.
Ensuite, je suis rentré chez moi !
En résumé, c'était une super sortie organisée par le Mobile Cycle Club. L'ambiance était très bonne et Anthony et Julia ont tout géré parfaitement pour que tout le monde se sente bien. Si vous faites du vélo et que vous voulez faire de la longue distance en groupe dans un super cadre, je vous recommande vivement le
Mobile Cycle Club !
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La trace de la sortie |
En ce qui me concerne, je suis content d'avoir réussi à faire 100 km mais la prochaine fois, je ferai en sorte d'être plus en forme. Je regrette d'avoir été un fardeau pour le reste du groupe. La leçon est retenue et je reviendrai plus fort !
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