dimanche 16 mars 2014

Avis - La lenteur de Milan Kundera




Préambule
A bridge to many. L'entrée K d'âne à zèbre, l'abécédaire de François Bégaudeau est intitulée Kundera. Ce chapitre ne parle absolument pas de l'écrivain français d'origine tchécoslovaque mais de punk-rock et de TEM. Même si je ne l'ai pas évoqué dans ma critique, c'était l'un des passages qui m'a le plus intéressé. Il aborde la notion de Taux d'Exposition à la Matière. Il raconte la soirée de deux jeunes issus de deux milieux sociaux opposés. D'un côté le jeune de banlieue et de l'autre le fils de bonne famille. Il démontre à travers notamment les transports en commun, que le quotidien du jeune de banlieue est plus compliqué que celui du jeune bien né. Donc, à aucun moment il ne parle de Kundera qu'il affirme ne pas avoir lu. Mais, j'ignore pourquoi, ce nom m'a intrigué et en déambulant dans les rayons d'une librairie angevine je suis tombé sur les livres de Milan Kundera. J'ai pris La lenteur pour la quatrième de couverture ci-dessous.


De quoi ça parle ?

Mon avis
La quatrième de couv' ne parle absolument pas du contenu du bouquin de Kundera sorti en 1995. C'est juste un extrait. Je le dis sans ambages, je vénère ce livre. Malgré sa parution au milieu des années 90, il est d'une actualité frappante. Dans cet essai/nouvelle/roman, le style est difficile à définir. Tout ce dont je suis certain, c'est l'humour désopilant proposé par l'auteur dans cette œuvre. C'est absurde comme en atteste l'extrait ci-dessous, un passage où il fait parler un pénis et un autre où l'un des personnages fait une fixette sur « le trou du cul » d'une jeune femme.



Le sel de La lenteur n'est pas dans ces parties amusantes même si elles sont divertissantes. Kundera tente d'expliquer les raisons pour lesquelles l'Homme veut toujours aller plus vite. Il explique que « le degré de la vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli ». Il conclut donc que « notre époque est obsédée par le désir de l'oubli et c'est afin de combler ce désir qu'elle s'adonne au démon de la vitesse ; elle accélère le pas parce qu'elle veut nous faire comprendre qu'elle ne veut plus qu'on se souvienne d'elle ». Au début du livre, il déclare également que les engins motorisés sont une forme d'échappatoire pour l'Homme : « La vitesse est la forme d'extase dont la révolution technique a fait cadeau à l'homme. Contrairement au motocycliste, le coureur à pied est toujours présent dans son corps, obligé sans cesse de penser à ses ampoules, à son essoufflement ; quand il court il sent son poids, son âge, conscient plus que jamais de lui-même et du temps de sa vie ».

''Le degré de la vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli.''

L'autre axiome est celui sur ceux qu'il appelle « les danseurs ». Ces personnes « nées » avec la télévision. Ils ne peuvent s'empêcher de faire les intéressants pour toujours faire parler d'eux. C'est leur seul but. Ils font des déclarations pour épater la galerie sans se soucier de les appliquer ultérieurement. L'idée est de systématiquement faire mieux que les autres. Si un « danseur » serre un myopathe dans ses bras, l'autre « danseur » jaloux va se faire filmer en visitant tout un étage d'hôpital de myopathes. Et ainsi de suite. Et au fond, peu importe qu'ils s'intéressent à ces personnes car ils savent que dans la société actuelle ce qui va rester c'est l'image. C'est toujours ce qu'il reste avec le temps. Bernard Kouchner est un danseur chevronné. Il a marqué les esprits avec son sac de riz sur l'épaule en Somalie en 1992. Le suivi de la vie des jeunes somaliens, personne ne s'en est soucié, le seul gagnant de cette histoire c'est lui et l'étiquette de super-héros anti-famine qu'il s'est collé sur le front. Pour voir des danseurs, il suffit d'allumer votre télévision. Aujourd'hui, Bernard-Henry Lévy est probablement le pire exemple de ces êtres répugnants.


Conseil de lecture
Sur la ligne 4, la plus lente de Paris.

Infos
197 pages
6,20 euros (lien pour l'acheter)

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