mardi 10 janvier 2023

Avis lecture - Histoire de ta bêtise de François Bégaudeau



François Bégaudeau est mon auteur préféré. Il a hérité de ce titre pour diverses raisons. Jusqu'à présent, il ne m'a jamais déçu. À chaque fois, c'est le même procédé. J'entends parler de la sortie du livre, je me rue dans une librairie indépendante proche de chez moi et je dévore le livre. Cette fois-ci, ça ne s'est pas passé comme prévu. J'ai essayé de le réserver dans la librairie près de chez moi, on m'a annoncé qu'il n'était plus disponible. Après le travail, je me suis rendu dans une autre, la libraire m'a dit que le dernier exemplaire venait d'être vendu. Dans la foulée, je suis allé dans une autre et même son de cloche. Cette fois-ci, j'ai demandé ce qu'il se passait. La jeune femme m'a expliqué que le premier tirage avait été complètement écoulé. Elle ne pouvait même pas me le commander car, à ce moment-là, l'éditeur n'avait pas encore communiqué sur la suite. J'étais vénèèèèèèèère.


J'étais énervé car pour acheter les livres de François Bégaudeau je n'ai jamais eu aucun problème. Et là d'un coup on me parle de rupture de disponibilité????!!!! Dans mon malheur, j'ai appris quelque chose. Oui, je voyais des écrivains faire leur promotion sur les plateaux télés. Mais vu que je ne me procurais jamais lesdits livres, je n'ai jamais pu constater les conséquences de ces tournées. Plus globalement, je n'ai jamais été convaincu par la promotion de la culture dans les médias. Bah là, j'ai eu un exemple concret de son utilité. En quelques apparitions (musclées, il est vrai), François Bégaudeau a cassé la baraque. Il a réussi à créer la réseaunance autour de son livre. Après mes déconvenues, j'ai commencé à regarder les classements des meilleures ventes. À l'heure où j'écris ces lignes (10 mars 2019), il est encore dans les premières places. Le livre étant sorti fin janvier 2019.

D'ailleurs, il y a une grande probabilité qu'il continue à très bien se vendre pendant les prochaines années. Tant qu'Emmanuel Macron sera au pouvoir et que sa pensée se répandra.

De quoi ça parle?
"Tu es un bourgeois. Mais le propre du bourgeois, c’est de ne jamais se reconnaître comme tel. 
Petit test : 
• Tu votes toujours au second tour des élections quand l’extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage. Par conséquent, l’abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible. 
• Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel. Tu es bien convaincu qu’au fond les extrêmes se touchent. 
• L’élection de Donald Trump et le Brexit t’ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d’assez loin ce qui se passe aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. 
• Naturellement tu dénonces les conflits d’intérêts, mais tu penses qu’en voir partout relève du complotisme. 
• Tu utilises parfois (souvent ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi. Tu leur préfères définitivement le mot ouverture. 

Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi. Prends le risque de l’ouvrir."

Avis
À chaque fois que je lis un livre de François Bégaudeau je prends beaucoup de plaisir. Il arrive à mettre des mots sur des phénomènes que j'observe mais que je peine à décrire. C'est pour ça qu'il est écrivain j'imagine.

Voici quelques extraits que j'ai trouvé forts.

"Si nocifs que tu les prétendes, ce n'est pas Marine Le Pen et à ses affidés que mon quotidien se cogne. Ce n'est pas dans les coordonnées du fascisme que mon corps est paramétré. Ce n'est pas le fascisme qui impose à une caissière des journées 9-13 / 17-22, qui esclavagise la moitié de la planète pur mettre l'autre au chômage, transforme en GPS les ouvriers d'entrepôt, m'oriente par algorithmes, privatise la santé et les plages, flique les chômeurs, bourre les pauvres de sucre, bourre tout le monde de perturbateurs endocriniens, soustrait 100 milliards par an au fisc. C'est n'est même pas le fascisme, tiens, qui discrimine les Arabes à l'embauche, couvre les crimes racistes de ses flics, impose la tête nue à des lycéennes musulmanes, renvoie des migrants vers la guerre." p22

"Tu veux intégrer, tu veux être inclusif, tu offres aux pauvres les plus disciplinés l'aubaine de devenir toi. Mais si chacun devient toi, tu ne seras plus distinct - et qui ramassera les poubelles? Il faut donc que tous réussissent mais pas tout. L'école te sert de trieuse, elle est un casting géant dont tu tires, selon un numerus clausus officieux, une poignée de pauvres méritants." p84

Comme d'habitude, je n'en mets pas trop pour ne pas vous divulgâcher la lecture.

Au fil du livre et quand je l'ai terminé je me suis dit « Wahou ». J'étais soufflé parce que depuis que je suis à Paris, j'évolue au milieu des gens qu'il décrit. 

Après, il faut faire attention au terme de « bourgeois » qu'il utilise. Pour moi qui ait grandi à Angers, un bourgeois c'est le genre de personnes qu'on trouve dans les lycées privées catholiques que j'ai fréquentés. Des Enguerrand, des Jean Chrysostome (bon dac j'en ai croisé qu'un seul), des Louis ou encore des gens avec des particules.

Je vous recommande vivement la lecture de ce livre ! 

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